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De l'aveu à la preuve

La preuve par l'aveu

Pendant plusieurs siècles, la justice s'est basée sur l'aveu, aussi surnommée "la reine des preuves". Cependant différentes méthodes étaient utilisées pour faire avouer le présumé coupable, par exemple la technique la plus radicale : la torture où il était "soumis à la question"; mais les témoignages peu fiables ou encore des informateurs intéressés; celle-ci s'est révèlée trop fragile. La police avait pour seul choix de chercher des preuves matérielles, irréfutables de l'innocence ou de la culpabilité.

Stade artisanal du travail du policier

La police rencontre des difficultés à identifier les criminels récidivistes ou encore "criminels d'habitude" depuis l'abolition de la marque au fer rouge (loi du 31 août 1832).
François vidocq (1775-1857) qui était un ancien bagnard devenu chef de la sûreté en 1811, essaya de compenser le manque de fichier fiable en engageant des inspecteurs "physionomistes", et en recourant massivement à des informateurs, pris dans la justice. Le résultat fut probant. Mais cette "méthode" a des limites. Le témoignage lui-même n'est pas toujours fiable.

La rationalisation de Bertillon

La police parisienne a déjà fiché, en 1879, près de cinq millions d'individus. Mais que faire de ces morceaux de cartons classés alphabétiquement ? Une chose était susceptible d'améliorer ce système c'est-à-dire l'introduction de la photographie à des vues policières dès 1840 à Bruxelles.
En 1879, Alphonse Bertillon n'a qu'une place plus ou moins obscure à la Préfecture de Police, durant son temps libre, il a imaginé un système de "signalement anthropométrique" à une époque où les papier d'identité se falsifient facilement. Taille, envergure, buste, longueur du médius, de l’auriculaire, de la coudée, du pied et de l’oreille : ces chiffres sont désamorcés présent sur sa fiche d'identité pour identifier plus facilement un criminel déjà passé par les services de police. En 1882, Bertillon expérimente son système sur les détenus du Dépôt parisien et identifie, trois mois plus tard, un premier récidiviste. Les chiffres durant les années suivantes ne faisant que d'augmenter : 49 en1883 et 241 en 1884. Malgré un bon fonctionnement, on ne tarde pas à entendre les défenseurs des droits de l'homme critiquer cette méthode, qui pour eux est "incertaine et attentatoire à la liberté individuelle".
Plus d'un siècle plus tard, les mêmes protestations se font entendre pour les fichiers informatiques, aux écoutes téléphoniques ou aux systèmes permettant de repérer les messageries électroniques suspectes. Le « bertillonnage » marque le premier conflit entre une méthode scientifique qui se veut sans état d’âme et la suspicion systématique de partialité de ses applications ; quoi qu’il en soit, les États-Unis l’adoptent dès 1888. En 1893, l'inventeur est devenu chef du service d'identité judiciaire. En 1888, Bertillon a perfectionné sa technique avec la "photographie anthropométrique" (face et profil des détenus).

L'empreinte digitale, signature originale

Le bertillonnage reste banal et cher, c’est alors qu’arrive d'Angleterre un procédé plus rapide et plus sûr. En 1880, William J. Herschel publie le premier article sur les relevés des empreintes digitales. C'est qu'en 1888 que Sir Fancis Galton propose un système universel de description des empreintes ; et en 1891 Juan Vucetich, directeur des statistiques de la police de Buenos Aires, en tire une méthode d'enregistrement et de classification. Edward Henry a utilisé ce procédé au Bengale avant de l'expérimenter à Londres. Bertillon inclut dans son système cette nouvelle technique en 1896.

En 1902, il réussit à identifier son premier criminel, relève ses empreintes sur la scène d’un cambriolage aggravé d’un meurtre. Depuis cette enquête, l'empreinte digitale est devenue une preuve officielle. Le dessin de chaque doigt est désigné par un chiffre, de 0 à 8, et chaque criminel possède un nouveau matricule de dix chiffres. Un fichier «décadactylaire » facilite, dès lors, l’identification des criminels récidivistes tout autant que celle des victimes. Jusqu'à ce jour, chaque personne devait venir à la Morgue pour identifier la victime retrouvée sur la voie publique.

Les vrais débuts de la police scientifique

En 1910, à Lyon, un médecin, Edmon Locard créé le premier laboratoire de police. Son ambition est de remplacer le témoignage humain, par la preuve matérielle. Locard ,tout d'abord, se lance dans l'analyse des armes, des balles, des traces d'effractions, des explosifs, des poisons, et de toutes les sécrétions corporelles. Il utilise aussi la photographie sous microscope. Locard a laissé son nom à la théorie "échange de Locard" disant que : chaque individu, à l'occasion d'une action criminelle, dépose et emporte à son insu des traces et des indices : sueur, sang, poussière, fibres, sperme, salive, poils, terre, etc. Que les indices soient de nature physique, chimique ou biologique, ces indices une fois examinés parlent et livrent le récit du crime, afin de permettre aux enquêteurs de déchiffrer la signature de l'auteur du crime.