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Des brigades du tigre aux années de pègre

La naissance des brigades mobiles

À cette époque, la France voit sa part d'insécurité fortement augmentée. Nous pouvons cités comme exemple : les "bandits d'Hazebrouck" attaquent et pillent les fermes, dans le Nord (1904); dans la Drôme, des "chauffeurs" s'en prennent aux personnes agées isolées qu'ils torturent afin de leur faire révéler la cachette de leurs argents (ils feront 18 victimes entre 1905 et 1908). L'évolution de cette délinquance dépasse les moyens en hommes et en techniques des polices municipales et de gendarmerie. Pour faire face, donc, à cette nouvelle forme de violence il faut créer de nouvelles unités.

Il est aberrant, pense Clémenceau, que les malfaiteurs, disposent, techniquement, d'une longueur d'avance. Sur les conseils de Célestin Hennion, le directeur de la Sûreté générale, Clémenceau fonde en 1907, les brigades mobiles ancêtres : de la Police Judiciaire d'aujourd'hui. Il s'agit de l'arrêté ministériel du 6 mars 1907 qui créé un Contrôle général des Services de Recherches judiciaires commandé par le commissaire Jules Sébille. Le décret de 1907 instaure, quant à lui, douze Brigades régionales de Police mobile, les fameuses "Brigades du Tigre", qui ont pour mission de combattre le crime organisé sur l'ensemble de l'Héxagone. Leur premier bilan de 1909, fait état de 2695 arrestations avec l'interparlation de 65 meurtriers, 7 violeurs, 10 faux-monnayeurs, 283 escrocs et 193 cambrioleurs.

La police judiciaire se distingue

Pour mener à bien sa mission, la Police judiciaire montre dès ses débuts, une capacité d'adaptation à l'évolution des phénomènes criminels. C'est ainsi qu'en 1910, on la verra s'équiper de véhicules automobiles,(des berlines De Dion-Bouton et Panhard-Levassor) qui s'avèront bien utiles aux policiers. L'année suivante, il leur faudra pourchasser les membres de la "bande à Bonnot", auteurs à Paris du premier hold-up motorisé de l'histoire mondiale, contre une agence de la Société Générale.

D'une guerre à l'autre

Pendant la première guerre mondiale, la police judiciaire lutte contre l'espionnage. Nous pouvons citer par exemple l'affaire Mata-Hari,Uhrig etc. Les hommes du Contrôle général des Services de Recherches judiciaires reprennent après l'armistice, leur mission traditionnelle, à l'exemple de celle qui conduira l'inspecteur Jules Belin, de la première brigade mobile, à l'arrestation en avril 1919 d'Henri-Désiré Landru, le "Barbe-Bleue" de Gambais.
Après 1924, la coopération internationale de police est renforcée pour mieux lutter contre la criminalité.
Le 11 septembre 1929, dans le prolongement d'une convention internationale adoptée à Genève, la Police judiciaire accueille l'Office central de Répression du Faux-Monnayage, chargé comme le seront les six autres offices, instaurés par la suite, de coordonner la lutte et de centraliser l'information au plan national, à l'intérieur de son domaine de compétence.

La période de l'entre-deux-guerres est riche en évènements et en dossiers criminels qui mettent à rude épreuve les spécialistes de la Police judiciaire. On les trouve ainsi associés aux investigations sur l'affaire Stavisky (1933), à la traque des terroristes impliqués dans l'assassinat à Marseille du roi Alexandre Ier de Yougoslavie et du ministre des Affaires étrangères Louis Barthou (1934) etc...

Les années de pègre

Une importance réforme est instaurée le 23 avril 1941. La direction générale de la Police nationale, remplace le service de Contrôle Général des Services de Recherches Judiciaires. C'est à la fin de l'année 1941, qu'un décret donne aux brigades mobiles leur appellation d'aujourd'hui (Services Régionaux de Police Judiciaire), et leur attribue des compétences à la police économique et à la surveillance du territoire.

A la Libération, la Police judiciaire est, pendant un temps, rattachée à la Direction de la Sécurité publique avant de retrouver son autonomie par un décret de janvier 1947 qui fixe à 17 le nombre de SRPJ.

L'après guerre voit émerger une nouvelle forme de pègre, qui touche la France entière, obligeant la Police Judiciaire à s'adapter au plus vite. C'est sous l'impulsion de Charles Chenevier, qu'en 1949 des Groupes de Répression du Banditisme (GRB) se mettent en place dans la plupart des SRPJ, afin de combattre les bandes organisées et motorisées, tel le "gang des tractions-avant", spécialisé dans le vol à main armée.

Cette époque sera marquée par l'arrestation de l'une des grandes figures criminelles de l'époque : Pierre Loutrel, dit Pierrot le Fou (1948), ou encore par celle d'Emile Buisson surnommé l' "Insaissable"(1950). Mais aussi, on peut noter que la Police judiciaire se voit durant cette période confiée l'enquête sur ce que la presse intitulera le "hold-up du siècle" : le vol durant l'été 1949, des bijoux de la Bégum, estimés à deux cents millions de francs.

Il faudra attendre près de deux décennies encore, pour qu'une loi du 9 juillet 1966 institue une police unique en France. La PJ du quai des Orfèvres devient ,alors, un service territorial de la Direction centrale de la Police judiciaire.